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Une fête «barock»


Frédérique Doyon


Et si, au XVIIe siècle, on courait entendre du Jean-Baptiste Lully comme on se bouscule aujourd'hui pour voir Arcade Fire? C'est la prémisse de Party like it's 1699, qui cherche à saisir l'esprit de la musique et de la jeunesse baroques en leur insufflant l'énergie des événements artistiques contemporains.


Trois violons, deux flûtes traversières, un hautbois, un basson, deux clavecins, deux violes de gambe, une contrebasse et une chanteuse soprano (Ariane Girard) redonnent vie aux compositions de Lully, de Clérambault, de Couperin et de Robert De Visée dans un contexte éclaté. La formule cabaret mêle aux musiques classiques la danse contemporaine, la poésie, l'art visuel et la haute couture. C'est d'ailleurs la top-modèle Irina Lazareanu qui joue les hôtesses-poètes. Les perruques poudrées y côtoient les jeans serrés.

«On joue la musique comme c'était aux XVIIe et XVIIIe siècles, mais à travers la lunette postmoderne», explique Aleks Schürmer, musicien qui a eu l'idée de ce projet. Son ambition: faire connaître et apprécier la musique baroque aux plus jeunes en la remettant dans son contexte d'origine, alors qu'elle faisait l'événement, loin des grandes salles d'orchestre solennelles.

«Ce qu'on oublie, c'est que c'était la musique populaire de l'époque», dit celui qui a évolué au sein des ensembles Arion, Tafelmusik Baroque Orchestra et Les Idées heureuses avant de créer son propre ensemble, Les Tarbarnak d'époque, en 2007. «Ça ne se passait pas dans de grandes salles de concert. Il y avait une certaine débauche, c'était un événement l'fun, un must, une sortie entre amis.»

Pour lui, les instruments faits à la main ont le charme de leurs imperfections sonores, contrairement aux instruments manufacturés d'aujourd'hui. Les musiques de cour, qu'il préfère, sont «très, très dramatiques, comme des mini-opéras condensés en 15-20 minutes».

Cette humeur, qui rejoint l'énergie rock des musiques actuelles, est plus susceptible de toucher les non-initiés. La soirée, qui démarre à 21h (les portes ouvrent à 20h), se conclut d'ailleurs par une performance de DJ, pour mieux atterrir au XXIe siècle.

Mis sur pied par une poignée d'amis artistes professionnels, «avec des cartons trouvés dans les poubelles et beaucoup de bonne volonté», Party like it's 1699 a fait salle comble lundi dernier dans le petit local (70 places) du 242 rue Young, dans le quartier Griffintown, à Montréal. On promet d'ajouter des places pour la dernière représentation, ce soir.

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